Un accident nucléaire (ou accident radiologique) est un évènement qui risque d'entraîner une émission de matière radioactive ou un niveau de radioactivité susceptible de porter atteinte à la santé publique.
Les accidents nucléaires peuvent survenir dans un site de l'industrie électronucléaire (une centrale nucléaire, un centre de stockage de déchets radioactifs...) ou dans un autre établissement exerçant une activité nucléaire (site militaire, hôpital, laboratoire de recherche, etc.), ou encore dans un sous-marin, porte-avions ou brise-glace à propulsion nucléaire. Les accidents peuvent aussi se produire lors des transports de matières radioactives (notamment à usage médical, mais également combustible nucléaire, déchets radioactifs ou armes nucléaires).
a/ Définition et utilité
L'échelle INES (en anglais: International Nuclear Event Scale) est l'échelle internationale
des évènements nucléaires, elle a été mis en place par l'agence internationale de l'énergie atomique à la suite de
l'accident à la centrale de Tchernobyl (1986) afin d'aider les médias et le public à comprendre et à percevoir la
gravité des accidents et des incidents nucléaires. Selon l'autorité de sûreté nucléaire (ASN), elle ne constitue donc
pas un outil d'évaluation de sûreté et ne peut, en aucun cas, servir de base à des comparaisons internationales. Elle
est utilisée au niveau international depuis 1991 par une soixantaine de pays.
b/ Niveaux de gravité
Elle est graduée selon 8 niveaux (de 0 à 7), les évènements de niveau 1 à 3 sont qualifiés
d'incidents, ceux de niveaux 4 à 7 d'accidents.
Image: Application de l'échelle INES
Publication:
Niveau 0: Ils ne sont pas toujours rendus publics par l'ASN sauf s'ils présentent un intérêt médiatique.
Niveau 1 et plus: Ils sont rendus publics par une information publiée sur le site Internet de l'ASN.
Niveau 2 et plus: Ils font l'objet de communiqués de presse et contacts téléphoniques à l'attention des journalistes.
c/ Critère de classement
L'échelle INES s'applique à tout événement se produisant dans les installations nucléaires de base (INB) civiles et
militaires, ainsi que lors du transport des matières nucléaires. L'application de l'échelle INES aux INB se fonde sur
trois critères de classement :
Mais ces critères restent vagues et ne sont pas communs à tous les Etats. Par conséquent le nombre d'accidents déclarés varie beaucoup entre les différents pays qui l'appliquent:
Malgré l'utilité de cette échelle pour que le public et les médias se rendent compte de la gravité de l'incident ou de l'accident nucléaire, elle n'en est pas pour autant un outil efficace pour comparer les situations entre les différents pays qui l'utilisent. C'est pour cette raison que des experts la revisent actuellement pour en étendre l'application.
L'histoire du nucléaire est ponctué d'accidents, accidents issus du domaine militaire mais aussi dans les domaines de la recherche ou de l'industrie civile. Dans certains cas, ces accidents ont causé des blessés, voire des morts par contamination radioactive, dans d'autres cas les rejets accidentels de matériaux radioactifs n'ont causé aucun dommage immédiat à la population et dans d'autres cas encore, il n'y a eu aucune contamination mais des tensions politiques (collisions entre sous-marins nucléaires, par exemple). Certains accidents sont couverts par le secret défense: leur circonstance et leur gravité ne sont pas connues avec précision, mais pour les autres, bien que ceux de niveau 1 ou plus sur l'échelle INES sont censés être publié par l'ASN ou par les médias, on a rarement beaucoup de précision à leur sujet.
Les accidents étant liés à l'armée, ont généralement lieu lors d'essais nucléaires, lors de transports d'armes nucléaires par bombardiers (accident lors de l'atterissage, explosion en vol, problème lors du ravitaillement...) ou dans des sous-marins nucléaires. Dans le domaine de la recherche aussi des accidents ont lieu bien que moins nombreux (en tout cas ceux qui sont rendus public). Ces accidents sont d'une gravité bien inférieur à ceux de l'armée ou du nucléaire civile même s'ils impliquent parfois le décès du ou des scientifique(s) présent(s). Dans l'industrie nucléaire civile, les accidents (là encore seulement ceux qui sont rendus public) sont beaucoup plus nombreux et parfois très grave. Ce qui rend la population méfiante vis à vis de cette énergie. D'après le rapport PERPLEX (PErception des Risques par le Public et Les EXperts) réalisé par l'IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) le grand public juge les risques plus élevés que les experts, accorde moins sa confiance aux autorités, estime plus souvent que la vérité n'est pas dite sur les dangers. Alors que selon les experts, le risque est peu élevé, d'après certains médias les experts parleraient d'un accident dû à une défaillance matérielle tous les 10.000 ans et le rapport WASH-1400 (étude de sûreté des réacteurs) estime lui aussi que les risques sont "acceptablement petits", alors que depuis bientôt 60 ans que la première centrale a été mise en service des accidents n'ont cessé de se produire, alors pourquoi un chiffre si disproportionné? Tout simplement parce que faute humaine n'est pas prise en compte et pourtant les erreurs de manipulation, de calculs ou un simple manque de précaution peuvent être à l'origine de simple incident ou de catastrophe comme celle de Tchernobyl.
Considéré comme l'accident nucléaire civil le plus grave, l'explosion d'un des réacteurs de la centrale de Tchernobyl en URSS (aujourd'hui en Ukraine) est le seul accident jusqu'à maintenant à être classé au niveau 7 de l'échelle INES (voir plus haut). Le 26 avril 1986, lors d'une expérience qui avait pour but de prouver que l'on pouvait relancer la centrale d'elle même suite à une perte totale du réseau électrique, les techniciens de la centrale n'avaient pas respecté les consignes de sécurité et avaient mis hors service plusieurs sécurités automatiques, les opérateurs ont aussi violé des procédures garantissant la sécurité du réacteur et donc de la centrale. Ces nombreuses erreurs conduisent à la fusion du coeur du réacteur dans la nuit du 25 au 26 avril. L'incendie provoqué par l'explosion fut éteint (les pompiers présents furent gravement irradiés et la plupart moururent), afin d'étouffer le coeur de réacteur des hélicoptères ont jeté 5 000t de matériaux absorbants les neutrons (contenant du bore) et de produits lourds (plomb, argile, sable). L'évacuation de la population ne débute que le 27 avril et ne prend pas en compte une zone assez grande. Il est très difficlie d'évaluer le nombre de victimes de la catastrophe car le décès peut être dû à l'irradiation direct ou par un cancer dû aux fortes radiations, les estimations vont de la cinquantaine de morts jusqu'à plus de 100 000. Il est donc difficile de savoir vraiment le bilan humain de cet accident, ce qui est sûr c'est que les conséquences ont été grave non seulement près du site mais aussi là où est passé le nuage radioactif. Quoi qu'il en soit, la catastrophe de Tchernobyl est un bel exemple de la "transparence" sur le nucléaire. En effet, au sein même de l'Union Soviétique tout n'est pas dit, Gorbatchev n'est informé officiellement que le 27 avril, il est forcé de faire appel au KGB (service de renseignement et police politique) pour obtenir plus d'informations et surtout des informations fiables. Au niveau international rien de mieux, les informations sont données au comte-goutte, une agence de presse soviétique, TASS, parle d'un accident « de gravité moyenne survenu à la centrale nucléaire de Tchernobyl » mais rien de vraiment plus. En France, le gouvernement estime alors qu'aucune mesure particulière de sécurité n'est nécessaire, le professeur Pellerin du SCPRI (Service central de protection contre les rayonnements ionisants) annonce le 29 avril par un premier communiqué qu'"aucune élévation significative de la radioactivité n'a été constatée". Un bulletin météorologique annonce ensuite le lendemain que la France est protégée du "nuage" par l'anticyclone des Açores, la polémique enfle: on accuse alors les pouvoirs publics d'avoir menti à la France (d'après Libération), on résume souvent l'annonce du Pr Pellerin par une phrase: "le nuage radioactif s'est arrêté à la frontière française", il ne l'a jamais dite mais elle résume bien ce qu'il a annoncé lors de ses communiqués. Il a ensuite été prouvé que la radioactivité enregistrée en France, bien qu'ayant augmenté, n'a pas atteint un seuil dangereux pour la population, mais les polémiques à propos de la catastrophe mettent en évidence le manque d'information du public au sujet de l'accident, en effet les autorités n'ont pas été toujours très clair sur les conséquences qu'il y aurait pu avoir...